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Quel est votre diagnostic ?

  • Les causes d’un syndrome abdominal aigu sont nombreuses et variées.
  • Une démarche clinique rigoureuse s’impose dans tous les cas.
 

Auteurs : Drs. C. Bille et S. Libermann 31-01-2009
Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29-35 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux.
E-mail : cbille@chvcordeliers.com
Cet article a été publié dans : PratiqueVet (2009) 44 : p 12-14

Objectifs pédagogiques

Savoir réaliser un diagnostic différentiel devant des vomissements et un syndrome abdominal aigu.

Crédit de formation continue

La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC.

Quel est votre diagnostic ?

Un Braque de Weimar mâle, âgé de 9 ans, est présenté pour abattement et vomissements depuis la veille. Il n’a reçu aucun traitement.

Photo 1 – Échographie abdominale : mise en évidence d’une hypertrophie sur le lobe droit du pancréas.

Photo 2 – Échographie abdominale : mise en évidence d’un parenchyme hépatique homogène mais hyperéchogène.

Réaliser un clinique rigoureux examen

L’état général du chien est bon. Il présente une tachycardie (120 battements par minute), une tachypnée (20 respirations par minute), les muqueuses sont roses et le temps de recoloration capillaire est de 1 seconde. La palpation abdominale crâniale est douloureuse.

Les vomissements, composés de sucs gastriques, ne sont pas liés à la prise alimentaire. Le chien présente une douleur abdominale crâniale vive, d’apparition brutale.

Les causes d’abdomen aigu sont nombreuses et peuvent être classées par système ou organe (Tableau 1). Une atteinte gastro-intestinale, hépatobiliaire, pancréatique, splénique, urinaire, génitale, mésentérique ou encore extra-abdominale est envisagée.

Effectuer des examens complémentaires

L’urémie, la créatininémie, la glycémie, l’albuminémie ainsi que les concentrations plasmatiques des phosphatases alcalines et de l’alanine-amino-transférase sont comprises dans les intervalles de valeurs usuelles.

L’analyse hématologique révèle une hémoglobinémie élevée (17,6 g/dL), pouvant être mise en relation avec les pertes liquidiennes extracellulaires.
Le dosage semi-quantitatif de la concentration sérique de lipase pancréatique canine (Snap cPL®, IDEXX®) est supérieur à la limite des valeurs usuelles. Il peut s’agir d’une affection pancréatique isolée, d’une pancréatite secondaire à l’atteinte d’un autre organe (péritonite, perforation du tube digestif par exemple) ou d’un faux positif.

Échographie abdominale

Elle met en évidence :

  • Pancréas : hypertrophie du lobe droit.
    Ses contours sont mal délimités et irréguliers. Le parenchyme présente des plages hypoéchogènes. Un renforcement postérieur est présent (Photo 1) ;
  • Foie : le parenchyme est homogène et hyperéchogène. Le foie est bien délimité et ses contours sont réguliers (Photo 2).
    Cet examen confirme l’atteinte pancréatique. Elle peut être d’origine idiopathique, toxique, infectieuse (abcès pancréatique), traumatique ou tumorale. Seule une analyse histopathologique permettrait un diagnostic de certitude.

La biopsie cœlio-assistée

Le risque anesthésique étant jugé acceptable, une biopsie cœlio-assistée est effectuée. Le pancréas apparaît épaissi sur toutes les zones visibles (Photo 3). Sa couleur est nacrée. Aucune masse n’est mise en évidence.

Le foie est hétérogène et les bords de tous les lobes sont arrondis (Photo 4). Une biopsie des deux organes est effectuée.

Le diagnostic est…

L’analyse histopathologique des biopsies montre la présence d’une pancréatite lympho-plasmocytaire interstitielle associée à une cholangio-hépatite lymphoplasmocytaire chronique.

Traitement, évolution et suivi

Le lendemain de l’intervention chirurgicale, l’état de l’animal est satisfaisant.
Il est rendu à ses propriétaires avec une prescription de métoclopramide (Primperid®, 1,5 mg/kg/j en trois prises pendant 3 jours), de carprofène (Rimadyl®, 4 mg/ kg/j en une prise pendant 4 jours) et de metronidazole, (Flagyl® [H], 50 mg/kg/j en deux prises pendant 7 jours).
Une alimentation hyperdigestible (Intestinal®, Royal Canin) est délivrée.
À ce jour, 4 mois après l’épisode de pancréatite aiguë, le chien se porte bien.

Photo 3 – Visualisation du corps du pancréas à l’angle du duodénum et du pylore.

Photo 4 – Visualisation du foie

Discussion

La pancréatite : un diagnostic délicat

Le diagnostic de pancréatite aiguë chez le Chien constitue un véritable défi pour le vétérinaire.

Des signes cliniques peu spécifiques

Une équipe a étudié 70 chiens sur lesquels une analyse histopathologique a montré qu’ils étaient atteints de pancréatite aiguë 1.

Les signes cliniques les plus fréquemment observés étaient une anorexie (91 %), des vomissements (90 %), une faiblesse (79 %), une douleur abdominale (58 %) et un syndrome de polyuropolydipsie (50 %). Une telle présentation clinique amène un diagnostic différentiel vaste qui, comme exposé plus haut, comprend la plupart des organes abdominaux et certaines affections extra-abdominales.

Une aide apportée par l’imagerie

Les signes radiographiques évocateurs d’une pancréatite sont :

  • une augmentation de la radio-opacité des tissus mous associée à une perte des détails dans le cadran abdominal crânial sur les vues de profil et/ou dans le cadran crânial droit sur les vues de face ;
  • un effet de masse observé sur les structures intestinales adjacentes (pylore, duodénum descendant, côlon transverse) ;
  • une dilatation aérique du duodénum descendant.
    La sensibilité de l’examen radiographique pour le diagnostic de la pancréatite aiguë a été évaluée à 24 % dans une étude portant sur 70 chiens 1.

Les signes échographiques évocateurs d’une pancréatite sont :

  • un pancréas de taille augmentée ;
  • une hypo-échogénicité du parenchyme pancréatique ;
  • une hyperéchogénicité des structures voisines du pancréas (en raison d’une inflammation de proximité) ;
  • des lésions cavitaires du parenchyme pancréatique ;
  • une dilatation des canaux cholédoque et/ou pancréatiques.

La sensibilité de l’examen échographique pour le diagnostic de la pancréatite aiguë a été évaluée à 68 % dans la même étude. Les anomalies observées concernaient le lobe droit du pancréas chez 96 % des animaux 1.

Il paraît donc évident que l’imagerie médicale est souvent insuffisante pour diagnostiquer une pancréatite aiguë.
Néanmoins, les examens d’imagerie, associés à l’examen clinique, représentent la base du diagnostic de la pancréatite aiguë chez le Chien. Ils ne permettent pas toujours d’affirmer la présence d’une atteinte pancréatique, mais ils sont indispensables pour écarter les autres affections qui entrent dans le diagnostic différentiel et interpréter les analyses sanguines.

Un recours possible à la biologie

Pendant longtemps, le diagnostic de la pancréatite aiguë chez le Chien a reposé sur le dosage des concentrations plasmatiques de la lipase, de l’amylase et de la trypsin-like immunoreactivity (TLI). La sensibilité de ces dosages pour le diagnostic de la pancréatite aiguë s’est révélée relativement faible 1, 2.

Le dosage de la concentration sérique de la lipase pancréatique canine (cPLi®) existe depuis peu chez le Chien. Ce dosage est validé analytiquement 3, mais on manque de recul pour évaluer ses véritables performances diagnostiques en termes de sensibilité et spécificité et pour les comparer au dosage simultané et de suivi de la lipase et de l’amylase.

Ce dosage est disponible sous deux formes en France : un dosage quantitatif (Spec cPL®, IDEXX®) et un dosage semi-quantitatif (Snap cPL®, IDEXX®) au chevet du patient.

Le diagnostic de certitude peut nécessiter une biopsie

L’analyse histopathologique de biopsies pancréatiques, si l’état clinique de l’animal le permet, est considérée comme l’examen de choix pour diagnostiquer une pancréatite aiguë 1, 2, 4.

Elle autorise le chirurgien, dans la plupart des cas, à identifier des lésions macroscopiques, à porter un diagnostic précis de l’affection pancréatique (pancréatite suppurée nécrosante, lymphoplasmocytaire, fibrosante ou tumeur pancréatique) et à mettre en place un traitement au long cours, s’il est nécessaire.

Lors de l’intervention, un bilan d’extension des lésions peut être réalisé voire un prélèvement d’autres organes comme le foie ou l’intestin.

De plus, cela permet de réaliser un bilan d’extension des lésions et de prélever d’autres organes comme le foie ou l’intestin.

Cependant, l’absence de lésions macroscopiques ne signifie pas l’absence de pancréatite 5. La limite de cet examen réside dans sa faible spécificité 5.

L’analyse d’une biopsie réalisée au hasard peut donc être négative alors que le pancréas présente des lésions dans une autre région 5.

Mémo

  • Les symptômes présents dans plus de 50 % des cas sont l’anorexie, les vomissements, la faiblesse, la douleur abdominale et un syndrome de polyuro-polydipsie.
  • Ce tableau clinique peut correspondre à de nombreuses affections.
  • Le test non invasif le plus sensible est le dosage de la lipase pancréatique canine. Il possède une sensibilité de 83 %.
  • La réalisation de plusieurs examens complémentaires permet d’exclure de nombreuses affections et d’affiner le diagnostic.
  • L’examen de choix est l’analyse histologique de biopsies pancréatiques.

Bibliographie

  1. Hess RS et coll (1998). Clinical, clinicopathologic, radiographic, and ultrasonographic abnormalities in dogs with fatal acute pancreatitis : 70 cases (1986-1995). J Am Vet Med Assoc 213 : 665-70.
  2. Steiner JM (2003). Diagnosis of pancreatitis. Vet Clin North Am Small Anim Pract 33 : 1181-95.
  3. Steiner JM, Williams DA (2003). Development and validation of a radioimmunoassay for the measurement of canine pancreatic lipase immunoreactivity in serum of dogs. Am J Vet Res 64 : 1237-41.
  4. Porterpan B et coll (2001). Serial serum pancreatic lipase immunoreactivity in a dog with histologically confirmed pancreatitis. Vet Med 101 : 170.
  5. Newman S et coll (2004). Localization of pancreatic inflammation and necrosis in dogs. J Vet Intern Med 18 : 488-93.
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