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L’endoscopie

dans le diagnostic des anomalies congénitales des races brachycéphales

Sommaire

  • Le syndrome brachycéphale est un ensemble d’anomalies respiratoires et digestives qui caractérisent les animaux de races brachycéphales tant canines que félines. 
  • L’endoscopie permet de mettre en évidence ces anomalies et d’apprécier l’ensemble des lésions en vue d’adapter le traitement.
 

Auteur : Dr. S. Libermann 01-10-2010
Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux.
E-mail : slibermann@chvcordeliers.com
Cet article a été publié dans : PratiqueVet (2010) 45: p 446-448

 

Objectifs pédagogiques

  • Connaître les intérêts de l’utilisation de l’endoscopie dans le diagnostic du syndrome brachycéphale.

Crédit de formation continue

La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC. 

L’endoscopie dans le diagnostic des anomalies congénitales des races brachycéphales

Le syndrome brachycéphale ou syndrome d’obstruction des voies respiratoires supérieures est une conséquence d’un raccourcissement congénital du massif maxillo-facial 1.

Il est provoqué dans un premier temps par des anomalies morphologiques puis des lésions secondaires, toutes responsables d’obstruction respiratoire (Tableau 1). Associées à ces troubles respiratoires, des anomalies du tractus digestif supérieur sont également présentes.

Lors de suspicion de ce syndrome, il convient de réaliser des examens des voies respiratoires et digestives.
L’endoscopie est l’examen de choix pour établir une évaluation lésionnelle afin d’apporter une thérapeutique adéquate. 

Le syndrome brachycéphale et l’obstruction des voies respiratoires supérieures

Protocole d’examen

L’examen se déroule sous anesthésie générale. Les animaux brachycéphales présentent des risques anesthésiques liés à l’obstruction congénitale des voies respiratoires supérieures qui s’aggrave nettement lors de la perte du tonus musculaire lié à l’anesthésie.

Une pré-oxygénation de 10 à 15 minutes avant l’examen est nécessaire.

Les animaux sont induits à l’aide de thiopental (10 mg/kg, IV, Nesdonal ®) 2 : cette induction permet d’estimer la motricité laryngée et autorise une intubation rapide.

Une sonde trachéale de petit diamètre doit être disponible en cas de complications telles que cyanose ou arrêt respiratoire. L’animal est placé en décubitus sternal.

La pharyngoscopie/laryngoscopie est effectuée avec un laryngoscope ou un endoscope souple (fibroscope ou vidéoendoscope).

Les avantages des vidéo-endoscopes sont la définition des images et la possibilité de les enregistrer 3.

Photo 1 - Sténose des narines.

Examen direct

L’examen direct objective une sténose des narines.

Photo 2 - Voile du palais allongé et épaissi qui recouvre complètement l’épiglotte.

La pharyngoscopie

Une macroglossie et une élongation du voile du palais sont observées. Le palais apparaît allongé et épaissi et dépasse de plusieurs millimètres sur l’épiglotte obstruant parfois totalement  l’oropharynx.

Une éversion des amygdales est parfois présente. L’utilisation d’un endoscope avec rétrovision permet la visualisation des choanes dans le nasopharynx.

Photo 3 - Eversion des ventricules laryngés (flèches rouges) et ptose des aryténoïdes (flèches vertes)

La laryngoscopie

Après avoir déplacé le palais mou dorsalement et l’épiglotte ventralement, les cartilages aryténoïdes sont observés. On cherche particulièrement la présence d’une éversion des ventricules (Photo 3) et d’un collapsus laryngé (Photo 4).

Photo 4 - Collapsus laryngé : les cartilages arythénoïdes présentent une adduction anomale et ferment la glotte

Photo 5 - Inflammation de la muqueuse laryngée

La muqueuse apparaît souvent inflammée et œdémateuse.

La trachéo-bronchoscopie

Lors de suspicion d’obstruction plus profonde, la trachée est explorée à l’aide d’un endoscope de 5 mm de diamètre. L’anesthésie est maintenue avec des anesthésiques injectables ou des anesthésiques volatiles en utilisant des sondes trachéales adaptées (adaptateur en T ou Y) permettant le passage de l’endoscope.

Les anomalies observables sont l’hypoplasie trachéale (Photo 6), un collapsus trachéal et bronchique 4.

Une inflammation de la muqueuse est souvent présente.

La réalisation d’une évaluation lésionnelle complète permet d’affiner le pronostic et de proposer la thérapeutique adéquate 3.

Lorsque la composante inflammatoire domine, un traitement médical peut suffire. Si la cause de l’obstruction est identifiée, elle peut être corrigée chirurgicalement.

Un voile du palais allongé et/ou épaissi peut être traité par palatoplastie (résection en longueur et en épaisseur).

Les narines peuvent être élargies (rhinoplastie) et les ventricules laryngés peuvent être réséqués (ventriculectomies).

Néanmoins, lorsque l’obstruction intéresse la trachée, il n’y a pas de traitement et le pronostic est alors sombre (hypoplasie trachéale) 4.

Certaines études rapportent jusqu’à 90 % d’amélioration des symptômes respiratoires dans les semaines post-opératoires avec 60 % d’amélioration immédiate 5.

Photo 6 - Hypoplasie trachéale : noter le rétrécissement du diamètre trachéal derrière le larynx et l’inflammation de la muqueuse trachéale

Photo 7 - Hypertrophie de la muqueuse pylorique : replis muqueux et résidus d’alimentation non digérée

Le syndrome brachycéphale et les affections digestives

Concomitamment aux anomalies respiratoires, les races brachycéphales présentent des anomalies digestives intéressant le tractus digestif supérieur 1,5.

Les examens radiographique et échographique sont indiqués afin d’éliminer certaines hypothèses diagnostiques appartenant au diagnostic différentiel (corps étranger, masse abdominale). L’endoscopie du tractus digestif est effectuée afin de préciser les lésions et de réaliser des biopsies.

Les anomalies les plus fréquemment rencontrées sont présentées dans le Tableau 2.

L’endoscopie digestive à l’avantage de visualiser directement la muqueuse et surtout de réaliser des biopsies.

En fonction des lésions observées, un traitement chirurgical est envisagé pour corriger les anomalies structurelles ainsi qu’un traitement médical 5. Le traitement médical améliore environ 80 % des animaux dont 60 % dès 15 jours.

Conclusion

L’endoscopie permet de mettre en évidence les anomalies caractéristiques du syndrome brachycéphale en vue de proposer un traitement et d’affiner le pronostic. Elle apporte également des informations sur la présence de lésions parfois sub-cliniques qui exacerbent des symptômes préexistants.

Les animaux présentent souvent une combinaison de ces anomalies qui semblent en étroite relation. Le traitement chirurgical précoce des voies respiratoires contribue fortement à l’amélioration des troubles digestifs et le traitement médical des troubles digestifs améliore les symptômes respiratoires en post-opératoire 5.

Mémo

  • L’endoscopie permet de visualiser toutes les anomalies respiratoires et digestives présentes lors du syndrome brachycéphale. 
  • Une évaluation clinique et lésionnelle précise doit être établie afin d’envisager un traitement médical et/ou chirurgical et d’affiner le pronostic.

À lire…

  1. Poncet CM et coll (2005). Prevalence of gastrointestinal tract lesions in 73 brachycephalic dogs with upper respiratory syndrome. J Small Anim Pract 46 : 273-9.
  2. Weil AB (2009). Anesthesia for endoscopy in small animals. Vet Clin North Am Small Anim Pract 39 : 839-48.
  3. Creevy KE (2009). Airway evaluation and flexible endoscopic procedures in dogs and cats : laryngoscopy, transtracheal wash, tracheobronchoscopy and bronchoalveolar lavage. Vet Clin North Am Small Anim Pract 39 : 869-80.
  4. De Lorenzi D et coll (2009). Bronchial abnormalities found in a consecutive series of 40 brachycephalic dogs. J Am Vet Med Assoc 235 : 835-40.
  5. Poncet CM et coll (2006). Long term results of upper respiratory syndrome surgery and  gastrointestinal tract medical treatment in 51 brachycephalic dogs. J Small Anim Pract 47 : 137-42.
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