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Alternatives à la coproscopie

chez le chien et le chat

Sommaire

  • Un premier article (Pratique Vet, 2011) a rappelé la réalisation et les indications de la coproscopie chez le chien et le chat et a abordé ses limites.
  • Ce nouveau « Question de cours » est consacré aux examens complémentaires ou aux alternatives diagnostiques de la coproscopie lorsque celle-ci a atteint ses limites ou n’est pas indiquée.

Auteur : Dr. E. Rattez 19-11-2015 Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux. E-mail : erattez@chvcordeliers.com 

Objectifs pédagogiques

Savoir quand recourir à d’autres examens que la coproscopie lors de l’exploration de signes digestifs chez les Carnivores domestiques. 

Les alternatives à la coproscopie chez le chien et le chat

Quelles sont les limites de la coproscopie?

La coproscopie est un examen aisé et incontournable compte tenu de son large spectre diagnostique.

Par conséquent, lors de l’exploration de signes digestifs ou respiratoires sans suspicion clinique précise, son utilisation en première intention se justifie[1].

La fréquence des co-infections est un argument supplémentaire à l’utilisation de ce test en première intention. Par exemple, dans un lot de chat vivant en collectivité (malade ou non), une étude montre qu’environ 12% des animaux sont parasités par Tritrichomonas fœtus et Giardia duodenalis[2].

En revanche, le pouvoir diagnostique de la coproscopie peut parfois être insuffisant et ne pas permettre de conclure. Par conséquent, lors d’indication limitée (suspicion clinique précise ou dépistage), le recours à des examens plus sensibles et plus spécifiques est nécessaire.

Il est également possible que la coproscopie ne soit tout simplement pas l’examen approprié compte tenu des hypothèses envisagées. C’est le cas par exemple lors de suspicion d’entérite bactérienne ou virale.

On distingue alors :

  • des examens complémentaires à la coproscopie : les indications sont dans ce cas communes (giardiose, trichomonose, cryptosporidiose…).
  • et des alternatives diagnostiques à la coproscopie : les indications sont différentes. (entérite bactérienne, virale)

Quels sont les principes de ces examens ?

Les principes de ces examens sont :

  • l’immunologie : en particulier la technique ELISA (Enzyme Link ImmunoSorbent Assay). Elle vise à mettre en évidence un antigène donné d’agent parasitaire, viral… ou les anticorps produits en réaction et anormalement présents dans les selles.
  • la biologie moléculaire avec la PCR (Polymerase Chain Reaction), technique d’amplification d’ADN in vitro
  • la mise en culture fécale.

Quels sont ces tests en pratique ? Comment et quand les utiliser ?

Cas de la Giardiose

Le principe du Snap test Giardia IDEXX ainsi que son pouvoir diagnostique chez le chien ont déjà été présentés au cours de la première partie de notre article. Rappelons seulement que chez le chien, ce test présente une valeur prédictive négative (probabilité que la maladie ne soit pas présente lorsque le test est négatif) médiocre. Il doit donc être réservé au diagnostic (animal malade).

Chez le chat, la sensibilité de ce test est d’environ 85% avec une spécificité proche de 100% ; ceci est équivalent à la coproscopie après enrichissement. En associant coproscopie et Snap test, la sensibilité atteint presque 97%. Il est donc recommandé d’associer ces deux examens si la suspicion clinique est forte[3].

Des techniques PCR ont également été étudiées chez le chien et le chat[4, 5]. Accessible en pratique, la valeur diagnostique de ce test n’a cependant pas été déterminée (absence d’étude comparative avec les autres techniques).

En médecine humaine, une étude ayant comparé la coproscopie, la PCR et un test immunologique rapide dans le diagnostic de la giardiose[6] a montré que malgré une sensibilité très élevée de la PCR, il existe des possibilités de réaction croisée qui conduisent à une mauvaise spécificité. Les auteurs de cet article recommandent donc l’utilisation éventuelle de la PCR comme test supplémentaire à la coproscopie microscopique.

En l’absence de données précises, les recommandations en médecine vétérinaire sont actuellement les mêmes7.

Cas de la Trichomonose

La trichomonose est une maladie féline due à un protozoaire flagellé, Tritrichomonas fœtus (Encadré 1). C’est une maladie émergente encore probablement souvent confondue avec la giardiose[7, 8]. En effet, à l’examen coproscopique, il n’est pas aisé de faire la différence entre les trophozoïtes de Giardia et de Tritrichomonas (Schéma).

Son diagnostic a longtemps reposé sur la coproscopie microscopique par examen direct, sa sensibilité est très faible (inférieure à 20%)[2, 9]. Le parasite étant très fragile, le prélèvement doit être rapidement analysé (dans les 24 heures maximum). Si ce n’est pas possible, il est conseillé d’ajouter du sérum physiologique (environ 3 mL pour 2 g de selles), cela permet d’augmenter la durée de survie du protozoaire jusqu’à 4 jours. Ceci est important car la diagnose de ce parasite repose, bien entendu sur sa morphologie, mais également sur sa motilité, différente de celle de Giardia. La coproscopie après enrichissement présente une sensibilité encore plus médiocre car le parasite est souvent détruit par les liquides de flottation utilisés.

C’est une maladie vénérienne fréquente chez les Bovins pour laquelle un système de culture disponible a été validé et adapté au chat : In Pouch TF Feline Assay (commercialisé par le laboratoire Biomed, www.biomeddiagnostics.com/tfœtus-feline)[9].

Cet examen est simple et réalisable en pratique : le milieu de culture stérile est ensemencé avec une faible quantité de selles fraîches (environ 0,05g) puis incubé à température ambiante pendant 12 jours. L’observation de la culture est réalisée tous les deux jours au microscope (grossissement par 10 ou 40). Si la culture est positive, on observe les protozoaires reconnaissables car mobiles. Après 12 jours, la culture est considérée négative si aucun trophozoïte n’a pu être mis en évidence..

La sensibilité de cet examen est élevée (environ 85%) et la spécificité excellente (milieu de culture non favorable à G. duodenalis avec qui T. fœtus pourrait être confondu). La sensibilité et la spécificité de ce test en font un test indiqué en complément de la coproscopie dans deux situations :

  • lors de dépistage
  • ou lors de suspicion de giardiose n’ayant pas répondu au traitement classique c’est-à-dire de trichomonose ayant été confondue avec une giardiose ou bien même une coinfection.

Lorsque la suspicion de trichomonose est élevée mais ne peut être prouvée ni par la coproscopie ni par la culture, il est désormais possible de recourir à la PCR. Plusieurs kits sont commercialisés et un laboratoire français propose cet examen (« pack » PCR comprenant également la giardiose, la cryptosporidiose…). Celui-ci, à priori très sensible et spécifique, doit cependant être réservé au cas difficile c’est-à-dire aux animaux malades pour lesquels les premiers examens n’ont pas permis de conclure[7, 10].

L’utilisation de ces tests en première intention sur animal malade pourrait donner lieu à un diagnostic erroné de trichomonose (détection d’un animal porteur de T. fœtus souffrant d’une autre parasitose… à l’origine des symptômes).

Chez les animaux souffrant de trichomonose traités avec succès, le recours à la PCR en suivi de traitement n’est pas recommandé car celle-ci peut parfois rester positive. Un phénomène de ré-infection ou le passage à un état de porteur asymptomatique sont suspectés[8].

La giardiose et la trichomonose sont les parasitoses ayant le plus bénéficiées de ces nouvelles techniques de diagnostic réalisables soit en clinique soit en laboratoire.

Qu’en est-il d’autres maladies ?

En ce qui concerne la cryptosporidiose, des techniques ELISA ou d’immunofluorescence existent mais ne sont pas accessibles en France. La coproscopie microscopique après enrichissement et améliorée par une coloration de Zielh Neelsen reste la méthode diagnostique de choix. Un test PCR est en revanche disponible. Pour des raisons identiques à celles qui ont été énumérées pour la giardiose ou la trichomonose, cette technique doit être réservée aux cas difficiles[7, 11].

En ce qui concerne les verminoses pulmonaires (angiostrongylose et aeluronstrongylose), des méthodes PCR et sérologiques ont été étudiées, mais leur utilisation est encore réservée au milieu universitaire[12].

Qu’en est-il de la coproculture ? Qu’est-ce que la coproculture ? 

C’est l’examen bactériologique des selles à la recherche de bactéries réputées pathogènes, différentes de la flore intestinale « normale ». Si une indication existe, un antibiogramme peut y être associé.

Quelles sont les indications à la coproculture ?

C’est un examen rarement réalisé car ces indications sont restreintes. Il n’existe en fait pas de réel consensus. Face à une gastro-entérite (aiguë ou chronique) avec hyperthermie et bilan inflammatoire positif, une origine bactérienne doit être suspectée et pourra être prouvée par une coproculture. Au préalable, une origine virale, beaucoup plus probable aura du être exclue. La réalisation d’une cytologie fécale (écouvillonage de la paroi colique étalé sur lame puis coloré) peut être intéressante à prouver l’utilité de la coproculture. En effet, la mise en évidence d’une population importante de granulocytes neutrophiles dégénérés peut orienter vers un phénomène bactérien . Les principales entérites bactériennes recherchées sont la salmonellose, la campylobactériose, la clostridiose… (Encadré 2). Une autre indication à la coproculture est la recherche d’un agent bien spécifique dont la pathogénicité est reconnue au cours de certaines maladies. C’est le cas de certaines souches d’Escherichia Coli lors de colite histiocytaire ulcérative chez le chien (Encadré 3).

La coproculture n’est en aucun cas l’examen de choix pour explorer une suspicion de prolifération bactérienne digestive. Le dosage combiné des folates et de la vitamine B12 reste dans ce cas l’examen de choix même si son pouvoir diagnostic est limité.

Comment réaliser une coproculture ?

Cet examen ne nécessite ni matériel spécifique ni onéreux. Un prélèvement de selles directement dans le rectum est réalisé puis conservé dans un pot stérile ou non. Aucun milieu de culture spécifique n’est nécessaire pour l’envoi. L’analyse doit être réalisée dans les meilleurs délais, l’envoi doit donc être rapide et si possible sous couvert du froid (conservation à + 4°C).

Comment interpréter un résultat de coproculture ?

L’interprétation de cet examen est délicate car il existe une flore intestinale normale. Son interprétation ne doit donc pas être envisagée si aucun des germes précédemment cités n’a été mis en évidence. En cas de positivité, le résultat doit être interprété à la lumière de l’anamnèse, des symptômes et de l’agent identifié. Deux raisons à cela existent. Tout d’abord, certains agents potentiellement pathogènes peuvent être présents chez des animaux sains. Deuxièmement, la mise en évidence d’un agent dans les selles ne permet pas de conclure que celui-ci est bien responsable de la diarrhée ; c’est le cas de la clostridiose, pathogène lors de synthèse d’entérotoxine. Un échange avec le laboratoire peut alors être d’une aide précieuse. En cas de doute persistant sur la mise en cause de l’agent identifié, le recours à d’autres examens (mise en évidence de toxines…) peut alors être recommandé.

Ces examens au pouvoir diagnostique plus pertinent mais plus restreint ne doivent être entrepris que lorsque la coproscopie n’a pu permettre de conclure alors qu’une hypothèse parasitaire (âge de l’animal, provenance..) est privilégiée ou qu’une co-infection est suspectée.

La coproscopie reste donc l’examen de choix à utiliser en première intention lors de l’exploration de signes digestifs non spécifiques ou respiratoires.

Encadré 1 : La trichomonose féline

Tritrichomonas fœtus est le protozoaire responsable de la trichomonose. Il existe uniquement sous une forme trophozoïte (pas d’ookyste) assez semblable morphologiquement au trophozoïte de Giardia duodenalis. Cependant leur mobilité est différente : le trophozoïte de Tritrichomonas fœtus se déplaçant de manière saccadée vers l’avant ; ceci est un élément de diagnose entre ces deux parasites.

Elle doit être suspectée lors de diarrhée chronique ou récidivante avec atteinte colique préférentielle chez le jeune vivant en collectivité. Une hématochézie et une incontinence fécale sont possibles.

La prévalence de la maladie varie selon les publications. Elle peut aller jusqu’à 31 % au sein d’une population de chats d’élevage diarrhéiques ou non. Il existe donc des porteurs asymptomatiques.

Encadré 2 : Les entéropathogènes bactériens [13]

  • Campylobacter spp. Il existe de nombreuses espèces et toutes ne sont pas responsables de signes cliniques. C. jejuni et upsaliensis ont été associés à des signes cliniques chez le chien et le chat. La prévalence de cette bactérie peut être élevée et atteindre jusqu’ à 50% de chiens en chenil [14]. La majorité des chiens qui présentent des symptômes sont jeunes ou immunodéprimés ; les autres sont porteurs asymptomatiques. La pathogénicité de cette bactérie est encore peu connue, les symptômes peuvent aller d’un simple épisode diarrhéique rentrant spontanément dans l’ordre à une colite hémorragique sévère. La campylobactériose est une zoonose potentiellement grave chez les personnes immunodéprimées et les nourrissons.
  • Salmonella spp. Il existe de nombreuses espèces de Salmonella spp. ; toutes ne sont pas pathogènes. La virulence de cette bactérie chez nos carnivores est encore incertaine, le portage asymptomatique est possible. La maladie touche principalement les jeunes animaux ou les animaux immunodéprimés… Les symptômes sont ceux d’une gastro-entérite sévère avec hyperthermie.
  • Clostridium spp. C. perfringens et C. difficile sont deux espèces de clostridies présentent dans la flore normale de nombreux carnivores domestiques. Elles peuvent être à l’origine de diarrhée lorsqu’elles sporulent et peuvent alors synthétiser des entérotoxines. Il semble que la diarrhée ne se développe qu’en présence d’une concentration en entérotoxine élevée. La confirmation de clostridiose repose donc principalement sur la mise en évidence des entérotoxines (par techniques PCR ou ELISA). Salmonellose et clostridiose sont également des zoonoses. 

Encadré 3 : E. Coli et la colite hystiocytaire ulcérative [15]

La colie histiocytaire ulcérative est une maladie inflammatoire chronique qui survient principalement chez les jeunes Boxer et Bouledogue français.

Histologiquement, elle est caractérisée par une infiltration de macrophages contenant du matériel positif à la coloration à l’acide périodique de Schiff. La pathogénie de cette maladie est récemment été partiellement élucidée. Un grand nombre de bacilles. Les souches incriminées semblent présentées un phénotype particulier leur permettant d’être phagocyté par les macrophages et d’y persister au lieu d’être détruite. Le rôle de ces souches d’E. Coli dans la colite histiocytaire ulcérative apporte une alternative thérapeutique à cette maladie dont le pronostic reste cependant réservé. Lors de suspicion, la réalisation de biopsie étagée doit donc s’accompagner d’une coproculture à la recherche d’E. Coli et à la réalisation d’un antibiogramme afin d’adapter au mieux le traitement.

     
 
Schéma Représentation de Tritrichomonas fœtus.
Photo 1 : Système In Pouch TF Feline Assay, laboratoire Biomed.
 
Photo 2 : Cytologie rectale.
La présence de nombreux granulocytes neutrophiles dans un contexte de gastro-entérite avec hyperthermie et bilan inflammatoire positif doit conduire à suspecter une entérite bactérienne. (Coloration MGG, * 100)

Bibliographie

  1. Blagburn B et Spencer J (2010). Fecal examination. In : Textbook of veterinary internal medicine, Seventh edition (Ettinger SJ, Ed), Saunders CO, Phildelphia, 321-330.
  2. Gookin JL et coll (2004). Prevalence and risk factors for feline tritrichomonas fœtus and Giardia infection. J Clin Microbiol 42 : 2707-2710.
  3. Sumiko R et coll (2007). Comparison of direct immunofluorescence, immunoassays, and fecal flotation for detection of Cryptosporidium spp. and Giardia spp. in naturally exposed cats in 4 Northern California animal shelters. J Vet Intern Med 21 : 959-965.
  4. Mc Glade TR et coll (2003). High prevalence of Giardia detected in cats by PCR. Vet Parasitol 110 : 197-205.
  5. Scaramozzino P et coll (2009). A study of the prevalence and genotypes of Giardia duodenalis infected kennelled dogs. Vet J 182 : 231-234.
  6. Schuurman T et coll (2007). Comparison of microscopy, real time PCR and a rapid immunoassay for the detection of Giardia lamblia in human stool specimens. Clin Microbiol Infect 13 : 1186-1191.
  7. Lappin MR (2005). Enteric protozoal diseases. Vet Clin Nth Small Anim 35 : 81-88.
  8. Stockdale HD et coll (2006). Feline trichomoniasis : an emerging disease ? Compend Contin Educ Vet 26 : 463-476.
  9. Gookin JL et coll (2003). Use of a comercially available culture system for diagnosis of Tritrichomonas fœtus infection in cats. J Am Vet Med Assoc 222 : 1376-1379.
  10. Stauffer SH et coll (2008). Evaluation of four DNA extraction methods for the detection of Tritrichomonas fœtus in feline stool specimens by polymerase chain reaction. J Vet Diagn Invest 20 : 639-641.
  11. Lindsay DS et Zajac AM (2004). Cryptosporidium infections in cats and dogs. Compend Contin Educ Vet 24 : 864-874.
  12. Helm J et coll (2009). A case of canine Angiostrongylus vasorum in Scotland confirmed by PCR and sequence analysis. J Small Anim Pract 50 : 255-259.
  13. Marks SL et coll (2003). Bacterial-associated diarrhea in the dog : a critical appraisal. Vet Clin Nth Small Anim 33 : 1029-1060.
  14. Parsons BN et coll (2010). Prevalence and shedding patterns of Campylobacter spp. in longitudinal studies of kenelled dogs. Vet J in pres.
  15. Craven M et coll (2010). Antimicrobial resistance impacts clinical outcome of granulomatous colitis in boxer dogs. J Vet Intern Med 24 : 819-824.
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