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Quel est votre diagnostic ?

Sommaire

  • Les causes d’une toux chronique sont nombreuses et variées.
  • Une démarche clinique rigoureuse s’impose dans tous les cas.

Auteurs : Drs. J. Guatel et C. Bille 16-06-2008
Centre Hospitalier Vétérinaire des Cordeliers, 29 avenue du Maréchal Joffre, 77100 Meaux.
E-mail : cbille@chvcordeliers.com
Cet article a été publié dans : PratiqueVet (2009) 44 464-466

Objectifs pédagogiques

Savoir suspecter des lésions de parasitose pulmonaire et proposer des examens complémentaires adaptés.

Crédit de formation continue

La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est à effectuer auprès du CNVFCC. 

Quel est votre diagnostic ?

photo 1
Photo 1 Radiographie du thorax, profil gauche

Une opacification alvéolaire ayant une composante nodulaire multifocale en région ventrale et caudale du champ pulmonaire est observée (flèches).

photo 2
Photo 2 Radiographie du thorax, vue ventrodorsale

Scissures interlobaires entre le lobe caudal droit, le lobe moyen droit et le lobe accessoire (flèches).

Un chien Braque de Weimar de 2 ans est présenté pour un amaigrissement depuis quatre mois associé à une toux persistante ne rétrocédant pas avec les antibiotiques. Le chien est correctement vacciné mais n’est pas régulièrement vermifugé et il vit dans un jardin.

1 – Réaliser un examen clinique rigoureux

L’animal est amaigri et présente une déshydratation estimée à 5 %.

La température rectale est de 39,1 °C. Une dyspnée restrictive est présente.

L’auscultation pulmonaire met en évidence des crépitations marquées en fin d’inspiration sur l’aire caudale d’auscultation. La toux est sèche, petite et profonde.

2 – Effectuer des examens complémentaires

Un examen sanguin donne les résultats suivants (Tableau 1)

  • une hyperéosinophilie marquée, évoquant une allergie ou une parasitose ;
  • une hyperprotéinémie pouvant traduire, entre autres, une déshydratation, une affection inflammatoire aiguë ou chronique (infections parasitaires, bactériennes, virales…) ;
  • une insuffisance rénale.
tableau 1

Des radiographies thoraciques sont réalisées

  • Le profil gauche montre une opacification alvéolaire ayant une composante nodulaire multifocale en régions ventrale et caudale du champ pulmonaire (Photo 1) ;
  • La vue ventro-dorsale met en évidence des scissures interlobaires entre le lobe caudal droit, le lobe médian droit et le lobe accessoire, signant un épanchement pleural modéré (Photo 2).

Le liquide du lavage broncho-alvéolaire recueilli est teinté de sang

  • L’échantillon est riche en cellules inflammatoires et est composé essentiellement de polynucléaires neutrophiles.
    Ces résultats sont en faveur d’une broncho-pneumonie d’origine bactérienne.
  • Deux types de bactéries sont identifiés : Klebsiella pneumoniae et Proteus mirabilis. Les deux sont sensibles à la céfalexine (Rilexine®).
  • Aucune larve de parasite n’est identifiée.

Les biopsies bronchiques révèlent une bronchite chronique lympho-plasmocytaire

  • Les biopsies rénales mettent en évidence une discrète glomérulopathie mésangiale et une néphropathie épithéliale multifocale.

La coproscopie est réalisée sur des matières fécales prélevées sur 3 jours consécutifs

  • L’analyse par la technique de Baermann révèle la présence de larves d’Angiostrongylus vasorum en grande quantité.

L’échographie n’a pas permis l’identification de parasites dans le cœur droit ni dans l’artère pulmonaire

  • Aucune autre anomalie n’est mise en évidence.

3 – Le diagnostic est…

Il s’agit d’une angiostrongylose pulmonaire. Les lésions rénales sont peu spécifiques mais peuvent correspondre à une migration erratique des larves.

4 – Proposer un traitement

Un traitement à base de céfalexine (Rilexine® : 30 mg/kg/j en 2 prises) est instauré pendant 4 semaines, afin de traiter la broncho-pneumonie.
L’angiostrongylose est traitée à l’aide de fenbendazole (Panacur® : 50 mg/kg/j en une prise orale) pendant 21 jours, associé à de la milbémycine oxime (Milbemax® : 0,5 mg/kg en une prise orale) deux fois à 7 jours d’intervalle.
Des corticoïdes sont associés (prednisolone, Megasolone® 20 : 1 mg/kg/j en 2 prises) pendant le traitement anthelminthique.

5 – Évolution

Le chien est revu en contrôle un mois plus tard. Son état général est jugé satisfaisant.
Le contrôle sanguin montre une normalisation de l’urémie et la créatininémie.
Les radiographies montrent une régression des lésions pulmonaires.

Discussion

L’angiostrongylose : une parasitose sous-diagnostiquée

L’angiostrongylose est une helminthose due au développement et à la migration d’un nématode : Angiostrongylus vasorum. Les jeunes chiens de moins de trois ans sont les plus atteints 1 (Encadré 1).

encadré 1

Un tableau clinique peu spécifique

La phase de début est caractérisée par une intolérance à l’effort, une tachycardie, une toux importante et productive.

La phase d’état est dominée par des signes respiratoires et/ou cardiaques : toux, dyspnée, intolérance à l’effort, anorexie, abattement, vomissements et perte de poids.

Les artères pulmonaires obstruées par les vers se dilatent, une hypertension artérielle pulmonaire est possible et, à terme, une insuffisance cardiaque droite 2,3.

D’autres formes cliniques sont possibles lors de localisations erratiques des parasites 2.

Des techniques complémentaires pour le diagnostic

L’examen de choix est la coproscopie (selles prélevées sur 3 jours consécutifs) par la technique de Baermann.
Elle permet l’identification de larves L1.

La sensibilité du lavage broncho-alvéolaire est médiocre car l’excrétion des larves est intermittente.

Les radiographies thoraciques permettent d’identifier une cardiomégalie ainsi que d’éventuelles lésions pleurales, médiastinales ou pulmonaires.

L’échocardiographie peut mettre en évidence une dilatation des cavités droites et, dans certains cas, les parasites adultes.

Enfin, selon une étude menée sur 23 chiens atteints d’angiostrongylose, les modifications hématologiques les plus fréquentes sont :

  • une hyperéosinophilie (39 %) ;
  • une neutrophilie (34 %) ;
  • une monocytose et une basophilie (21 %) ;
  • une lymphocytose (13 %) [4].

Le temps de Quick et/ou de céphaline activée sont parfois allongés 4.

Un traitement spécifique

Traitement spécifique anthelminthique

  • Divers anthelminthiques sont utilisables pour le traitement de l’angiostrongylose. Le fenbendazole et la milbémycine peuvent être employés hors AMM, selon le protocole de notre cas.
  • D’autres protocoles, hors AMM, ont été décrits 4-7 : mébendazole (Telmin® : 100 à 200 mg/ kg/j en deux prises orales) pendant 5 semaines ou encore ivermectine (Ivomec® : 0,2 mg/kg par voie sous-cutanée) deux fois à 10 jours d’intervalle.
  • L’association oxime de milbémycine/praziqantel (Milbémax®) possède une AMM dans cette indication thérapeutique, à raison d’une administration par semaine pendant 4 semaines.
  • Depuis peu, l’association imidaclopride/moxidectine (Advocate®) a son AMM pour le traitement de l’angiostrongylose chez le Chien. Deux administrations, en spot on, à 30 jours d’intervalle sont préconisées.

Au traitement anthelminthique, on associe :

  • un traitement symptomatique des lésions secondaires, antibiotiques pour l’infection pulmonaire par exemple ;
  • des anti-agrégants plaquettaires : aspirine (10 à 15 mg/kg/j en une prise orale) durant les 5 jours qui précèdent l’administration du nématodicide, afin de réduire les risques de thrombus 3 ;
  • des corticoïdes : prednisolone (1 mg/kg/j en deux prises) pour réduire les risques d’anaphylaxie et de formation de complexes immuns, observables en début de traitement spécifique.

Mémo

  • L’angiostrongylose est une parasitose du Chien causée par un nématode : Angiostrongylus vasorum, présent à l’état adulte dans le cœur droit et les artères pulmonaires.
  • A. vasorum est responsable de symptômes respiratoires chroniques dominés par la toux et parfois associés à une insuffisance cardiaque droite.
  • Une opacification alvéolaire nodulaire diffuse, plus marquée dans les lobes pulmonaires caudaux, est généralement visible sur les radiographies pulmonaires lors de la phase d’état.
  • Le diagnostic repose sur la mise en évidence de larves de stade I dans les selles ou dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire.

À lire…

  1. Bourdoiseau G (1995). Les affections parasitaires respiratoires du chien. Point Vét 27 : 449-58.
  2. Chuzel T (2003). Un cas d’angiostrongylose chez une jeune chienne. Point Vét 238 : 68-73.
  3. Bolt FG, Monrad J et coll (1994). Canine angiostrongylylosis : a review. Vet Rec 135 : 447-52.
  4. Chapman PS et coll (2004). Angiostrongylus vasorum infection in 23 dogs (1999-2000). J Small Anim Pract 45 : 435-40.
  5. Whitley NT et coll (2005). Cerebral and conjunctival haemorrhages associated with von Willebrand factor defi ciency and canine agiostrongylosis. J Small Anim Pract 46 : 75-8. Erratum in : J Small Anim Pract 46 : 190.
  6. Crawford P et coll (2001). Angiostrongylus vasorum in dogs. Vet Rec 148 : 251-2.
  7. Conboy G (2004). Natural infection of Crenosoma vulpis and Angiostrongylus vasorum in dogs in Atlantic Canada and their treatment with milbemycin oxim. Vet Rec 155 : 16-8.
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